🌿 Au-delà du bio : vers une éthique relationnelle des plantes
⏱️ Temps de lecture estimé : 8 minutes
Quand l’ethnopharmacologie rencontre la justice sociale et la narration vivante, une autre voie s’ouvre pour le secteur de la santé, de la beauté et de l’innovation. Chez Böö, nous avons choisi de ne pas attendre que les institutions réparent ce qu’elles continuent de fragiliser. Nous tissons des alliances vivantes, depuis les racines jusqu’au droit d’auteur.
🧬 L’ethnopharmacologie, toujours d’actualité
L’ethnopharmacologie, science à la croisée des chemins entre savoirs traditionnels et sciences biomédicales, continue de jouer un rôle clé dans la découverte de nouvelles solutions thérapeutiques. Face à l’essoufflement de l’innovation pharmaceutique conventionnelle, elle propose des alternatives souvent plus adaptées, respectueuses des contextes culturels et écologiques.
🕰️ Une histoire millénaire entre peuples et plantes
L’usage des plantes médicinales est aussi ancien que l’humanité. Codifiées depuis l’époque sumérienne et égyptienne, les connaissances médicinales se sont transmises dans les médecines savantes d’Asie, d’Afrique, d’Amérique et d’Europe. Ces savoirs, portés par des cultures vivantes, ont nourri les pharmacopées modernes — cacao, quinquina, coca, etc.
🪷 Quelques exemples thérapeutiques :
Morphine (Papaver somniferum – pavot)
Isolée au début du XIXe siècle à partir du pavot, utilisé depuis l’Antiquité comme analgésique. La morphine est toujours l’un des analgésiques les plus puissants en médecine.
Quinine (Cinchona spp. – quinquina)
Utilisée par les peuples quechuas pour traiter les fièvres, cette écorce a été à l’origine du premier traitement efficace contre le paludisme. Elle a inspiré la synthèse de nombreuses molécules antipaludiques modernes.
Artémisinine (Artemisia annua)
Issue de la médecine traditionnelle chinoise (MTC), utilisée contre les fièvres. L’artémisinine est aujourd’hui la base des traitements modernes du paludisme, notamment dans les cas de résistance à la chloroquine.
Prostratine (Homalanthus nutans)
Utilisée par les guérisseurs samoans, cette molécule est actuellement étudiée pour ses effets potentiels contre le VIH, notamment pour “réveiller” les virus dormants afin de les éliminer.
Hoodia(Hoodia gordonii)
Plante utilisée par les San du Kalahari comme coupe-faim naturel lors des longues chasses. Étudiée par l’industrie pharmaceutique pour la création de traitements contre l’obésité.
SP-303 (extrait de Croton lechleri, « sang-dragon »)
Utilisé en médecine traditionnelle amazonienne (MTAz) pour les infections et plaies. Le composé est étudié pour le traitement de diarrhées associées au VIH et à l’intestin irritable.
Rhodiola rosea
Plante adaptogène de l’himalaya et des pays nordiques, utilisée pour renforcer l’endurance et la clarté mentale chez les moines. Des études modernes confirment ses effets bénéfiques sur le stress et la fatigue chronique.
🧪 Du laboratoire au rituel : la science rencontre l’intuition
Au XIXe siècle, les scientifiques occidentaux commencent à isoler les principes actifs de ces plantes : morphine, quinine, cocaïne, digitaline… L’ethnopharmacologie devient alors un pont entre expérimentation et tradition, entre rationalité biomédicale et vision holistique du soin.
🌍 Le XXe siècle : la reconnaissance (partielle) des savoirs
Des molécules majeures issues des savoirs traditionnels continuent d’être découvertes : artémisinine, prostratine, extraits de Hoodia… Près de 75 % des médicaments végétaux vendus aujourd’hui ont une origine ethnobotanique. Pourtant, la reconnaissance réelle des détenteurs de ces savoirs reste rare.
🌐 L’ère numérique et les DSI : un nouveau terrain de tension
Les DSI (Digital Sequence Information) — données issues du séquençage de plantes — deviennent un nouveau terrain de captation. Utilisées dans la recherche et l’industrie, elles échappent souvent aux mécanismes de reconnaissance et de partage équitable.
En 2024, la COP16 et le Traité international sur les ressources phytogénétiques (TIRPAA) ont tenté d’encadrer leur usage, sans succès unanime :
• Le Sud défend un partage des bénéfices
• Le Nord les considère comme “libres d’usage”
Mais quelle est la distinction entre conformité formelle et engagement éthique ?
🧩 Böö : une réponse concrète aux défis posés par les DSI
Alors que la gouvernance mondiale tente de concilier innovation, équité et préservation du vivant, Böö propose une alternative déjà active à travers ses produits, fondée sur la relation, la reconnaissance et la redistribution.
💡 1. Innovation & équité
• Nos produits partent de savoirs reconnus, co-construits avec des tradipraticiens et des communautés identifiés autant que nous le pouvons avec l’équipe que nous avons.
• Nous ne séparons jamais la plante de son contexte culturel, spirituel et humain.
• Nous redistribuons directement une partie des bénéfices à travers pourcentages, collaborations, et jardins communautaires.
✔️ Co-développement éthique
✔️ Rétribution directe
✔️ Savoirs contextualisés ≠ innovation déconnectée
🔒 2. Clarification des obligations & propriété intellectuelle
• Nous ne revendiquons aucun brevet sur les savoirs traditionnels.
• Nos formulations ne sont pas appropriées mais protégées collectivement, grâce à notre outil de traçabilité basé sur la blockchain.
• Le label Anima garantit que chaque plante valorisée l’est avec consentement, rituel et redistribution.
✔️ Aucune appropriation industrielle
✔️ Mécanisme de traçabilité
✔️ Valorisation sans dépossession
🌍 3. Accès ouvert, protection et partage des bénéfices
Alors que le TIRPAA cherche un équilibre fragile entre accès libre, interdiction des brevets et partage des bénéfices, Böö trace un chemin tiers :
• L’accès est ritualisé, pas brut.
• Nous ne revendiquons aucun droit d’auteur exclusif, mais agissons comme protecteurs.
• Le partage des bénéfices est pensé comme forme vivante de retour, traçable et distribué.
✔️ Respect du commun : c’est reconnaître que la plante n’est pas un objet, mais un être en relation, et que tout geste d’accès demande un cadre, une parole, une réciprocité.
✔️ Protection par reconnaissance et lien : On protège un savoir parce qu’on est en lien avec ceux qui le détiennent, pas parce qu’on l’a enfermé dans un brevet. On protège par la relation, pas par l’appropriation.
✔️ Distribution des bénéfices sans confiscation
🌱 Des cas concrets ?
Nous agissons là où les institutions hésitent, à plusieurs niveaux :
• Togo : démarrage d’une étude ethnopharmacologique du miel médicinal avec l’Université de Lomé et les communautés de la savane (Big up à Latré et Holaly !)
• Colombie : démarrage d’une étude ethnopharmacologique du cacao ritualisé avec les Arhuacos (Big up à Santy !)
• Tibet : invitation à rencontrer les Emchi (médecins traditionnels) et visiter les laboratoires de pilules tibétaines ainsi qu’une audience avec Sa Sainteté (Big up à Edwyge !)
• Mongolie : projet de terrain ethnopharmacologique concernant la MT mongole avec des lamas, des chamanes, dess cueilleurs et chercheurs en botanique de l’université d’Oulan Bator (Big up à Anar !)
🔁 Réparer par la relation
L’avenir de la gouvernance des savoirs ne peut plus dépendre uniquement de traités. Chez Böö, nous croyons qu’il est possible — et urgent — de créer des modèles plus justes qui reconnaissent, qui redistribuent, qui relient
N’oubliez pas de vous abonner pour suivre nos aventures ! La prochaine est du 5-15 mai à Dharamsala :)